Le Temps est Assassin
Dans le silence de ma chambre,
Il me fixe tel un monstre sans visage,
Son regard aveugle posé sur moi,
Il me montre de son doigt affreux
Et squelettique,
Mon chemin parcouru
Et ce qui me reste à accomplir,
Alors parfois, je me réveille en sursaut,
Et je file tremblant sur mes jambes
A la salle de bain me passer un coup d'eau
Sur mon visage,
Et là alors, je contemple mes traits
Dans ce miroir hypocrite et complice,
Celui d'un adulte trentenaire
Et je pense alors a ces heures perdues
Ou innocent de mes vingt ans
Je jouais avec la vie, je jouais avec le Temps,
A cette époque je me prenais
Pour le Roi du Monde et j'aurais mangé
La vie et la Terre entière,
J'étais invicible, je me sentais immortel,
Que reste t il de ces années perdues ?
Des photos jaunies,
De vieux papiers,
Des vieux bouts de poemes memes pas finis
Qui restent à trainer dans un tiroir ;
J'ai peur et confiance en même temps,
Peur de vieillir ou de mal vieillir
Peur d'affronter le Temps,
Et j'ai confiance,
Car je sais qu'au fond de moi
Brillera toujours cette lueur d'innocence,
Innocence de la jeunesse
Innocence d'enfant,
Maigre rempart certes
Mais rempart quand même
Contre les maléfices subtils
Du Temps Assassin.
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