Le week end dernier, ne savant pas trop quoi faire, je suis allé au musée d'histoire de ma ville pour passer le temps. C'est un endroit que j'ai visité maintes et maintes fois et j'en connais les salles par coeur. Je connais chaque objet qui y est exposé. J'étais à errer dans les chambres d'exposition, les mains croisées dans le dos, perdu dans mes pensées lorsque mon regard s'est posé sur une vieille robe à crinoline du temps passé et des ustensiles de toilettes ayant appartenus à une femme de haute naissance du XVIIIe siecle. La vitrine était agencée selon une chambre à coucher de cette époque, il y avait le lit à baldaquin, une descente de lit en laine et un buffet en bois précieux. Mes mains malgré moi se sont posées sur la vitre et me yeux parcouraient du regard cette chambre artificielle et s'arretaient à intervalle régulier sur la robe de taffetas qui était exposée sur son mannequin en bois. Aussitôt; des images me venaient à l'esprit. Il me semblait entendre un clavecin et des rires d'enfants, l'odeur caractéristique d'un parquet lustré et en tournant la tete je vis par la fenetre un jardin tout vert fait de roses toutes aussi écarlates et magnifiques les unes que les autres. Mais là ne s'arretait pas ma stupeur. Car j'étais vêtu d'une redingote de velours sombre et d'une culotte, je portais des bas et des souliers à boucles, mes manches se terminaient par des dentelles et j'avais la tete couverte d'une perruque poudrée.
- Bonjour, monseigneur, dit une voix cristalline derrière moi.
Je me retournais et là je demeurais interdit et abasourdi, il se tenait devant moi une belle jeune femme à la peau claire et rose comme au premier jour, ses yeux étaient d'azur flamboyant et ses fines mains étaient gantées de dentelles richement brodées. Mais là où j'étais le plus surpris c'est qu'elle portait sur elle, la robe que j'avais vue dans la vitrine du musée.
- Vous semblez surpris de me voir, monseigneur ?, reprit la douce femme au regard d'azur
- Qui ... êtes-vous, balbutiais-je difficilement
- Je suis Marie-Dorothée von Wurtemberg, épouse de Leopold-Eberhard von Wurtemberg et vous, qui etes vous et que faites vous dans ma chambre ?
- Moi ... je .. je suis ... un invité de votre époux et je me suis trompé de chambre, Madame et je vous prie de l'excuser, je vais partir aussitôt.
- Pourquoi me mentir, visiteur du Futur ?
- Comment savez vous que ..
- Ne dites rien, voyageur, c'est moi qui vous ait appelé, je vous ait appelé depuis les tréfonds et les gouffres du Temps parce que je m'ennuie et que vous me paraissez tellement triste. Vous me ressemblez beaucoup, monseigneur ...
- Comment, comment avez-vous fait ?
- Allons, il est des mysteres qu'il ne vaut mieux pas découvrir, monseigneur, contentez vous de vivre ce que vous vivez et ne vous posez aucune question, quand le rêve est trop beau on ne cherche pas à savoir s'il existe ou pas.
La Princesse de Wurtemberg s'assit sur son lit et indiqua une place laissée libre a coté d'elle.
- Venez, ordonna t-elle d'une voix douce, venez vous assoir a coté de moi.
Je m'éxecutais sans réflechir et je vins prendre place à coté de la jeune aristocrate. Celle ci se cacha pour moitié le visage derriere son évantail.
Elle riait. Elle riait d'un petit rire enfantin et cristallin et ce rire me fit sourire. Tendrement, elle posa une main sur mon genou et plongea son regard dans le mien. Je ne saurais ce qui advint dans mon ame mais, pris d'une impulsion folle, j'écrasais mes levres contre les siennes et je l'embrassais fougueusement. Elle ne tenta meme oas de se dégager, bien au contraire, on sentait que c'est ce qu'elle attendait. Elle passa même une de ses mains entre mes cuisses et remonta jusqu'à la bosse de mon sexe qui était gonflé. Nous nous laissâmes aller à une étreinte des plus folles, sur le lit à baladaquin et je la possédais comme aucun homme ne l'eût possédé avant moi. Elle poussait de longs gémissements et des soupirs de bonheur à chaque coup de reins de ma part et ses doigts s'enfoncaient dans mon dos. Lorsqu'enfin, dans un dernier spasme, je déchargeais en elle, ce fut comme un bref instant de bonheur où le temps n'existe plus. Et bercé toujours par la mélodie du clavecin, je m'endormis alors dans les bras de ma bien aimée.
Je fus éveillé par un choc leger a l'épaule, c'était le gardien du musée qui me réveillait, me disant que le musée allait fermer. Je me frottais les yeux et regardais autour de moi. les lumières étaient éteintes et j'étais a nouveau habillé comme de coutume. Mes yeux se poserent sur la vitrine, la robe était toujours là et les objets aussi. Je ne sais si j'avais vraiment rêvé et je sentais toujours l'odeur du parfum de la jeune duchesse. Je souriais et devant les yeux incrédules du gardien qui se demandait si j'étais fou, je posai un dernier baiser sur la vitre en gage d'adieu à celle qui m'avait appelée pour un après midi d'amour. Puis je quittais le musée, ravi.
Désormais, je sais qu'il existe une faille de communication temporelle ou ce que nous laissons derriere nous continue de demeurer et parfois il suffit d'un reve pour atteindre cette faille et vivre un bout du Temps qui est passé.
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